Trop de mots à la Citadelle – Chapitre 1


[Ch. 1/7 :nouvelle destinée au concours http://www.enviedevouslire.fr/ date butoir 31/7/11 thème « le mot de trop »]

Personne ne comprend pourquoi. Et ce n’est pas aujourd’hui que je prendrai le temps de faire la leçon, tout cela est si évident.

« I’m a self machine! » Une quelconque radio promotionnelle diffuse le refrain de Coco que je ne blâmerai pas; percevoir ainsi une destinée  inconsciente ou introspectée, c’est bien vu, bien couiné! Elle doit être connectée à mon maître, c’est étonnant, vierge fouine pâle aux faux airs de goule bourgeoise…soudain je la déteste mais je ne changerai pas le plan. Elle attendra son tour. L’effacer pour purifier.

Mon premier choix est « métal » décomposé en « et » « mal », le message sera clair. J’observe le défilé incessant des festivaliers, cherchant une caricature à gommer. Il faut punir la musique de genre. Il ma l’a dit, regardez bien aux murs de ma chambre les preuves sont nombreuses la décadence n’est plus assez rapide il convient de l’accompagner. Ici c’est  propice. La colère je la sens, il faut que la sienne expire pour libérer la mienne. Enfin la voila. L’effacer pour purifier.

« Bonjour! Tu parles français? Speak english? » Elle me regarde comme elle doit regarder son dégueulis au petit matin les lendemains de simulacres d’orgies sataniques. Son teeshirt HellFest 2011, bracelets « Judas Priest » et casquette « Limp Bizkit » finissent de la désigner coupable irresponsable.

« Je t’offre une bière si tu veux, j’attends mes potes du camping B, je t’ai vue la-haut, nous sommes voisins ». Cette fois ses yeux de veau s’éclairent un peu, soit l’idée de la bière, soit le pet qu’elle vient de lâcher la soulage. « Ouais, j’veux bien, t’a un clope? » Elle pue le kebab, sa bouche est grasse, son tee-shirt maculé de sperme ou de patate écrasée; je l’étranglerais bien immédiatement ici, sous le porche de la citadelle, mais j’hésite un instant et la voila déjà qui trace vers le bar le plus proche en sifflant faux, « Enter Sandman » de Metallica. J’en ai le poil qui se hérisse et mes mains tremblent.

La bière est fraiche, je suis plus calme. Je commence à visualiser l’exécution, et je suis impatient de dévorer quelques morceaux de son corps maudit, pour apaiser la colère, pour expier ce forfait primal. Le métal et la colère vont fusionner, se dissoudre l’un en l’autre. « Tu veux fumer un stick? », « … » son assentiment est gestuel, elle me tend son poignet large et adipeux, l’index et l’auriculaire pointé comme des cornes, inconsciente petite ordure hardeuse! « Viens, je vais rouler dans un chiotte, il n’y a pas assez de monde ici, je n’ai pas envie d’avoir affaire avec la sécurité ». Elle me suis docilement, bovine idiote sans intuition, vers son dernier trône puant.

Nous entrons dans le septième box en plastique bleu usé, les six premiers sont déjà pris ou débordent de déjections abjectes, humeurs, vomis, matières dégoulinantes; je n’ai pas mangé ce matin, mon estomac se contracte sur lui même, une image d’escargolade dégouline devant mes yeux. Je m’assied pour rouler après avoir rabattu le couvercle. Elle n’a pas d’autre option que rester debout ou s’assoir sur mes genoux. Je passe mes bras autour de ses hanches, place les feuilles sur le programme juste au dessous de son entrejambe que j’imagine rose mais sale, un léger fumet d’algues marines, écœurant, m’agresse les naseaux. « J’adore tes gants bâtard! c’est quoi? du faux cuir là, du sky non? », « C’est de la peau de cerf en rut! » et je ris nerveusement en me passant le gant droit sous le nez pour en apprécier l’odeur de cuir non traité. C’est doux et âpre à la fois.

Elle allume le joint, se détournant de moi tandis que j’extirpe de la poche arrière de mon jean un sac de plastique épais plié et compacté à l’extrême. Je prends deux taffes et lui rend, elle en prend une, une autre plus longue, la cabine est enfumée de vapeurs apaisées.  Je lui extirpe le filtre de la  bouche tandis qu’elle se penche en avant, vers la porte, m’offrant son dos courbé de gastéropode apogame. Ce sac est vraiment hyper solide et pratique. Elle se débat quelques secondes tandis que je lui glisse sur la tête et jusqu’à la taille, puis je serre son cou en lui enserrant le bassin dans une pince osae-wasa. C’est « pull me under » de Dream Theater que je lui suggère de réviser en expirant. L’effacer pour purifier.

A peine une demi érection plus tard elle est molle, agitée de quelques spasmes.  J’ai fini de dérouler le sac jusqu’aux croquenots sans lacet qui sont presque remplis de ses déjections putrides. Je l’élève sur son trône mortuaire avant de percer le sac sur le coté, prendre sa main, tremper son index dans les dégoulinades et inscrire sur la paroi de la cabine « pardon Bethove ». J’ai trouvé sur le sol une photo d’elle avec un sorte de clébard glauque. A l’arrière du cliché l’inspiration de l’épitaphe « moi et bétoven, si jeunes et déjà sourds ».

Finalement je renonce à emporter un morceau, elle a les mains trop sales et j’ai plus soif que faim. Je quitte la cabine et comme personne n’attend je la ferme de l’extérieur en tournant le verrou à l’aide d’une pièce de deux euros. J’ai remis les gants dans mon sac, les brûlerai lorsque ma mission sera terminée ici. La colère a passé.

Sur la grande scène c’est Shaka Ponk qui démarre son set. Mélange de rock funk alternatif? Leur look les préserve et pourtant, ces français n’ont plus de respect pour le genre, tout est fusion désincarnée, infâme rata, bouillie musicale, je fuis vers la Green Room, vers la sortie où j’ai repéré un bar à vin, isolé des pollutions soniques.

9 réflexions sur « Trop de mots à la Citadelle – Chapitre 1 »

  1. Waouhhh…..  » pourquoi tant de haine ?  »
    la citadelle et son peuple éphémère t’ont donc inspiré ces quelques paragraphes?
    Ou bien il s’agit simplement des effets « retard » de la bouffe locale (si l’on peut dire)
    et de la cervoise « made in germany » unique et quasi-obligatoire de l’événement ??
    Je ne te reconnais pas trop dans cette nouvelle …. trop « gore » et pas assez humaniste!
    mais tout ça n’est que littérature, j’ai failli l’oublier!

    Je m’empresse d’aller lire la suite …

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    1. Oui, non, peut-être. Le cadre mérite une histoire, et je me suis engagé à envoyer une nouvelle pour un concours à la fin du mois… J’ai un vrai doute sur le style, j’y peux peu, mais le thème, très largement inspiré de la diversité de la programmation du Mainsquare mixé avec mon parcours musical éclectique, cela me tient vraiment aux tripes. La musique et le silence.
      Merci de ton intérêt pour ce travail, ta mission si tu l’acceptes, c’est d’être un des dix (environ) lecteurs du premier cercle pour avis, corrections et patati patata.
      ps: comme je poste un chapitre tous les deux jours, il y en aura 7, ça doit se terminer pour le 21…Quand j’ai un peu de temps je relis et fais des modifications donc le texte n’est pas figé, et la structure pourra être chamboulée à la fin.

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  2. Oui-non ….. p’têt’ ben qu’oui, c’est bien normand, ça !!
    (je plaisante, évidemment…)
    J’aime assez le style de ces trois chapitres, c’est plutôt ton « traitement »
    qui me ……. perturbe ?? ….. mouais, p’têt’ ben qu’oui :0)
    Au fait…. c’est avec un grand plaisir que j’accepte la « mission » que tu me proposes (tu t’en doutais déjà !)
    Mais revenons au thème: la musique et le silence… figure toi que c’est un « truc » qui me hante depuis l’époque déjà lointaine où j’ai découvert le 1er album de New Order (« Movement » 1981) ….pourquoi ?? Je n’ai toujours pas de certitudes là-dessus, mais
    si tu as l’occasion, ré-écoute « truth » …je crois que ce titre me semblait « aussi beau que le silence ». Quel délire !!!

    au plaisir de te relire …

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  3. humm…. je viens de ré-écouter (merci Deezer)
    quelques titres … Je crois que celui-ci (« In a lonely place ») est celui qui m’avait inspiré
    cette comparaison hasardeuse entre la « plénitude » du silence et celle de cette musique en particulier

    http://www.deezer.com/fr/music/new-order/movement-%5Bcollector-s-edition%5D-243845

    j’espère que le lien fonctionne ….
    d’autres titres également me procuraient les mêmes « sensations »:
    ICB ; the him ; doubts even here

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  4. pas de regret concernant les origines normandes et la capacité à ne pas choisir, utile pour éviter de renoncer.
    Sublimes New Order et troublants Joy Division, ils ne me quittent plus depuis la sortie du film « Control ».

    ps: il n’y a toujour pas de lecteur(Hannibal) ni lectrice(animale) qui m’interpelle pour les fautes d’orthographe…ça doit être qu’à l’époque du essai-messe, on peu fer kesconveu
    ;-(

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  5. He-oh, attends l’ ami …..
    je vais t’ en trouver, moi, des motifs d’interpellation puisque tu insistes!
    Tu ne sais pas que tout ce qui est « messe » m ‘horripile ??
    les essai-messes comme les messe-yeux et autres messes à jets …
    à bientôt donc

    ;0}

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    1. Alléluia tu gagnes le Dé en Ska d’or de l’été! Inch Hallah qu’il te réserve tes 70 vierges de ménage, que Bouddha te donne 7 fois 7 vits (49 garçons majeurs pour faire les travaux d’intérieur (sic)), que Moïse ouvre grand les bras de toutes les mers et leurs filles, ou sinon, si la luxure n’est pas ton truc, que l’administration te donnes la prime pour acheter une Ferarri Maserati Jaguar et autre Rolls de tes rêves!
      PS: pour simplifier la tâche des correcteurs, parfois je fais des fautes pour des raisons walides, dans ce cas je ne corrigerai pas : par exemple sky pou skaï, la hardeuse n’est pas été longtemps à l’école ;-(

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      1. Damned !!!
        je laisse le Dé en SKa d’or à ses affaires et à son personnel hôtelier… les vierges de ménage et les travaux d’intérieur ne sont pas mon truc.
        Pas mon truc non plus, la religion: tous les Allah , Bouddha, Moïse et autres enfumeurs n’ont plus qu’à aller se rhabiller…..
        M’reste quoi ? la luxure, forcément, puisque la prime de l’administration ….. on ne me la fait plus, celle-là !

        Bon courage, j’attends le chapitre 6 …

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  6. Bon !! on y va ?
    interpellation n°1 (comme le chapitre concerné)
    1- §5 >> t’as un clope
    2- §5 >> je l’ étranglerais bien
    3- §7 >> du skaï (pas du ciel briton !!)
    4- §9 >> la paroi (sans S )
    5- §10>> elle a les mains trop sales (a, sans accent )

    ça suffira pour aujourd’hui, non ??

    Plus intéressant que les fautes d’orthographe -sans gravité je te rassure, mais ton désir de perfection est admirable…- je tiens absolument à te faire part de mon adhésion totale à ton idée de liens musicaux…. C’est tellement mieux que de citer
    un titre et un interprète comme le font certains dans leurs romans, mais il paraît que ça ne marche pas sur le support papier ! dommage …..

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