Collectif Librisien Acte I scène 3: thanato parlote


Le bar c’est la table d’opération, autour se pressent les praticiens. Alentours les écoutants, aussi quelques patients, et beaucoup d’impatiences et des soucis déjà fanés; la salle d’attente fleurie ou un théâtre hospitalier. Plus loin encore à quelques mètres une flopée d’années lumières et de sombres instants coupables.

C’était la guerre. Qui l’avait décidé, pourquoi le sang dans la terre, les éclats de cervelles et d’os sur les feuilles mortes, les sanglots aigres des onze mille verges qui ne prendraient ni ne donneraient plus de plaisir ni de descendance?

C’était la paix dont nous rêvions tous, et l’amour qui nous pétrifiait, sacrifiait, versifiait.

Nous opérions alors sans relâche, voués à la cause, fantassins lâches.

Nous sauvions un corps parmi dix, une âme par million, l’eussions-nous fait devant l’œil de la caméra, Abel en face? Alors parfois pour faire tomber la pression, nous prenions un corps mort, le découpions, le souillions, le dévorions. Dégoulinant de dérision, d’aristocrate perversion, persuadé du devoir accompli, nous nous allongions alors, simulacres de corps voués à l’autopsie, zombies dans un cercle vicieux, danseuses de boites à musiques!

L’Art nous sauvera-t-il?


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