∞ ment pervertissant

Qui n’a pas lu “Les onze mille verges” de Guillaume Apollinaire me jette le premier cure-dents! Il est un temps pour tout, celui de ne pas donner naissance est le mien.

Mon père disait qu’il ne comprenait pas ces hommes sans vocation. Je suis un musicien sans partition, un peintre sans couleur, mes harmonies sont noires, et blanches mes agonies. Mère à beaucoup souffert pour la naissance de mon frère ainé, aussi,  pour moi, avait-elle bien chargé la mule.

Kétamine & novocaïne for dead souls, before we sputter down.

Ma petite échoppe, dans l’arrière cours d’une résidence d’artistes, deux rues au dessus de la place des Vosges, est accessible à toutes. Et de bouches à oreilles, le business des trompes et cavernes résonne à l’aune de mes troubles dissociatifs. La plupart des impatientes repartent, allégées des quelques grammes de la progéniture indésirable, libérées du dilemme. Je ne garde que celles sans attache, une sur dix environ. Ces inconscientes égarées, damnables innocentes aux mains souillées de l’ultime crime de sang, anti-femelles breneuses, ne savent pas porter le fardeau accablant des vies annihilées. Alors je les libère, me soulageant. Nos soustractions s’ajoutent et nous nous épanchons, fusions inouïes de nos corps et légendes, en ces bienveillants instants glorieux.

Bien entendu, notre alliance ne clame ni ses origines, ni ne promeut ses peines et cicatrices érogènes. Nous sommes, nous engendrons et anéantissons, nous aspirons à expier, à expirer un jour en paix. Dans l’intervalle, nous composons des odes aux morts-nés.