Lacrymale fatale (c) (emprunté à Debra, la correspondante)


Debra, douceur sombre des balkans, subtile hybride du far est,

011fIl n’est point de répit dans mes journées, soit je travaille, soit je pense à vous, à nous. Hier je suis passé entre les mains des bouchers de Crimée, le reflet effrayant sur le métal lisse de mon écuelle en atteste, ils furent violents. Des prélèvement lacrymaux? De la torture sans questionnement, des investigations sans anesthésiant, un interrogatoire à sens uniques, les miens.

Les sens, telle est la question. Ils n’ont pas encore cerné l’essence de mon existence en ce monde; à aucun prix je ne révèlerai à ces porcs la mission qui nous est confiée, et la révélation ne peut se faire au plus grand nombre autrement que telle que nous l’avons mis en scène, lors du séjour à Sébastopol. Cette fois j’ai recouvré une partie de la mémoire, et nous étions si proche d’aboutir que j’enrage à l’idée de renoncer.

L’enfant à concevoir, cet être suprêmement humanoïde, statistiquement et génétiquement improbable, il est temps de lui chercher un prénom. Si je ne survis pas à l’épreuve des scarifications et s’il parviennent à m’inoculer je ne sais quelle vérole bactériologique, tout n’est pas perdu. La nuit dernière j’ai pu m’introduire dans un laboratoire, effectuer un prélèvement de ma semence, la cryogéniser, puis vous l’adresser par voie céleste. Cet oiseau divin qui porte également mon message contient la gélule. Si mon projet d’évasion échoue, si nos corps ne s’unissent plus sur cette terre, il vous appartiendra de choisir un mode d’administration des gamètes. Vous retrouverez les instruments pour une mise en scène plaisante à la consigne du Grand Hôtel Europe (Orient-Express) улица Михайловская, д.1/7, Санкт-Петербург, Россия.

Cette missive est la dernière avant nos retrouvailles, ou ma disparition, corps et âme. Notre fils pourra se prénommer Ethan, Cyrius, Léon ou Hercule, il vous appartient d’en décider seule si je ne donne pas de nouvelle avant l’automne.
Que ce printemps vous soit vivifiant et évocateur, que l’été vous profite; il me souvient comme votre beauté culmine sous les arbres, les soirs de grandes chaleurs…
Bien chère Debra, de nos entrailles adviendra « le court chemin, le קְפִיצַת הַדֶּרֶךְ « , vous êtes mon couronnement, ma gloire, et à défaut de pouvoir m’offrir à vos appétits pittoresques et vigoureux, prenez soin de ma mémoire en transmettant à notre géniture quelques images lumineuses de moments absolus.

E.A. NMT  610px-Apollo_black_bird_AM_Delphi_8140

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