… il aime tant ce monde, ce monde est tellement insensé, le détruire ou bien le quitter?
Dr L. Soul: asseyez vous Monsieur, je vous en prie
John Becquerel: puis-je m’allonger? Vais-je devoir me relever?
Soul: la ressource est en vous, voudrez-vous rentrer chez vous?
John: Vous, vous, vous! j’entends trop de vuvuzelas, n’en rajoutez pas, je vous en conjure
Soul: …qu’est-ce qui vous amène?
John: tous les matins du monde, toute la haine, toute la bassesse humaine, et un rêve d’enfant
Soul: Vous souffrez? racontez moi ce rêve d’enfant
John: un cauchemar plutôt ou peut-être même un souvenir…je suis sur mon tricycle et j’entends un hurlement. Il y a un énorme camion avec une mare sombre et luisante qui s’étend sur le goudron mat du parking, une chaussure blanche maculée de rouge, encore des cris alors je retourne vers chez moi…mais ma maison n’est plus là, il n’y a plus rien qu’une plaine grise sous la pluie battante et les rafales glacées…
Soul: oui, et puis?
John: je me redresse, ma mère me dit que mon amie est morte de la bombe, mais je ne peux l’entendre, je me détourne encore et pars. Je suis seul. Il fait froid. Fait-il froid dans la tombe?
Soul: Vous vous demandiez alors ou vous vous posez cette question maintenant?
John: je me suis toujours posé la question. Chaque jour, le soir souvent, parfois en marchant seul. Je suis seul. Chacun est seul, depuis et pour toujours. La société est un leurre. L’univers est froid comme le vide et la matière brulante comme une étoile. Cette terre est une erreur, il faudrait que les hommes n’existent pas, ainsi le mal ne serai pas. La conscience est illusion. L’inconscience est bien plus puissante. Alors je laisse agir l’inconscient.
Soul: intéressant. Et que vous dicte votre inconscient?
John: pas mon, l’inconscience n’est pas mienne. Je sais ce que je dois faire. Il y a deux possibilités. Disparaitre ou faire tout disparaitre. Disparaitre seul c’est renoncer. Disparaitre avec ses proches c’est triste comme un fait divers, comme un infanticide, toujours l’œuvre d’un paumé qui abdique en tentant d’effacer toute trace de son passage dans une minuscule réalité. Mais nous sommes à l’ère de la mondialisation, la systémique globalisation, il faut regarder les choses à l’échelle planétaire, universelle. J’ai pris contact avec le créateur, il reconnait que l’œuvre est un échec, il approuve le projet d’apocalypse. C’était d’ailleurs prévu, depuis toujours.
Soul: je ne vais pas pouvoir signer votre bon de sortie aujourd’hui Monsieur. Prenez-vous votre traitement?
John: non, et non. Vous n’allez pas signer le bon de sortie et je n’ai jamais été sous camisole chimique …
A ce moment John se relève du divan et agrippe le docteur par le cou. Quelques instant plus tard, il revêt la blouse blanche et quitte le bâtiment, monte dans la voiture du psychiatre, démarre, roule.
« allo, D’mitri? » « oui John, c’est maintenant? » « oui, nous sommes prêts, j’appelle Âbha, Ming, Ali et Pédro »
Lorsque sur chacun des continents ils déclenchent le dispositif nucléaire interconnecté par le réseaux des réseaux, la lumière est totale, furieuse, dévastatrice et purificatrice. Tel une géante rouge, puis blanche, puis noire. Le créateur peut enfin se reposer. La création est terminée.
Et dire que ce genre de fin du monde peut arriver … ton texte fout les chocottes mais j’aime 😉
Même le tremblement de terre qu’on a eu l’autre jour ( une petite peur ), de magnitude 5, a pu endommager Cadarache ou Tricastin ! on ne nous dit pas tout …
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La peur n’évite pas le danger! Le pire c’est que jusqu’à la tête des États il y a des barges justiciers et intégristes ou extrémistes ou jusqu’auboutiste … bon mais là c’est le printemps 🙂
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la mondialisation, la société déshumanisée, un zeste de schizophrénie …..
le Barjavel nouveau est arrivé ??
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Un peu de ça peut être. …ça me fait penser à Momo et sa vieille mère dans le film
Ceci dit Barjavel l’avantage c’est que même dans ses roman il reste poétique alors que chez moi, dès que je sors du format très court ça devient très gore ??? Influence punk rock?
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Moi aussi sans rire, je me retiens souvent d’écrire des délires tragiques et sanguinolents ( par timidité, frustration ?) !
Connais ce groupe Punk » Crisis » Olivier ? j’ai encore leur 33 tours » Hymns of Faith » ramené à l’époque de Londres qui m’a valu d’être emmerdée à la frontière IItalienne à l’époque à cause d’un morceau » Red Brigades »
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A reblogué ceci sur Oli.W.P.et a ajouté:
(…) John: tous les matins du monde, toute la haine, toute la bassesse humaine, et un rêve d’enfant
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