90,2°Fahrenheit à l’ombre, Bangkok, last night


Le cauchemar  symbolise l’échec du rêve comme « gardien du sommeil » mais il ne contredit pas la thèse de l’accomplissement du désir

© Sigismund Schlomo Freud

roederer-jero-ambiance-rvb-sd-620x35090,2° = 2x 45,1 = 2/10 Fahrenheit 451. -9,8° avant ébullition

[ introduction, pitch]

Au début, tout du moins pour la partie émergente de l’embrouille, celle que mon conscient tortueux veut bien restituer, nous sommes dans une zone d’entrepôts désaffectés, au bord des marais salés. Nous avons pariés sur les combats de boxe thaï et, toutes proportions gardées, nous sommes riches (en baht)! L’endroit est onirique, notre table garnie du seau à champagne cristal R. Le serveur ne nous quitte plus, tant pour la possibilité d’une commande, tant pour suivre nos paris.

(…)

Longue errance dans des ruelles nauséabondes, humides, sordides, et croisant ça et là un corps spectral riant de toutes ses dents noircies rescapées déchaussées; ici un groupe de jeunes garçons qui urinent en gerbe à notre passage et nous bénissent de  pisse. Nous chutons plusieurs fois. J’ai mal, Jessica pleure et se relève pour la énième fois hurlant mon nom. Je lui prends la main et un flash de nos moments exquis, entre Paris, Hendon, Brixton, Klimt et le théâtre de Georges Bernard S. m’éblouis…

(…)

Nous fuyons le cercle du Sillapa Muay Thaï boxing club, les tueurs à gages du มวยไทย sont à nos trousses…ou du moins c’est ce que je pense jusqu’au moment où les sirènes de police rugissent juste derrière le groupe de poursuivants fuyards. Arrivés en lisière d’un espace sauvage, à mi-chemin entre jungle et taïga, une sorte de no-mans land délimité d’un barbelé roulé. La police hurle et par réflexe nous nous jetons au sol. Juste le temps d’apercevoir un des (ex-pour)suivants passer devant, projeter un paquet au-delà de la frontière, à l’aide d’une sorte de fronde. Un avion passe alors, rase motte, capte le paquet dans la nasse qu’il traine. Des rafales de mitraillettes fauchent le vilain frondeur et ses deux acolytes. Nous avons placé nos mains sur nos têtes, la face dans la boue sale.

(…)

Le temps dans les locaux de la police, puis la parodie de jugement, puis les prisons les plus violentes et indescriptiblement surpeuplées, la rédemption par la boxe, la libération assortie d’une assignation à résidence, interdiction de quitter le pays! Une farce sordide. Nous n’avons ni résidence, ni biens, nous ne maitrisons pas la langue, impossible même de lire un panneau.

(…)

À la fin, nous sommes foutus. Illusoire de penser pouvoir quitter la zone des occidentaux perdus. Des bribes de notre vie d’avant, désormaism2-118 onirique, me rattachent encore à la réalité, pour peu. Nous sommes plusieurs dizaines sur le toit du bloc d’immeubles en ruine, rares sont ceux qui comprennent. Pour atteindre le sommet il faut escalader des zones branlantes, grimper des paliers et autres demi-étages délabrés. Il y a des zones couvertes de cartons, en dessous parfois des trous mortels, des empilements de détritus, et de ci de là, nos semblables; la plupart ont perdu la raison. Plusieurs fois par jour, il y a des tentatives pour quitter ce lieux et rejoindre une ambassade ou l’aéroport. C’est à ce moment que les chasseurs reviennent, narguent nos codétenus évadés. Il s’agit alors de tuer avant d’être tué.

Sur les toits des ruines nous sommes tous en sursis. Pour dormir nous avons une technique. Depuis quelques jours une jeune femme nous a rejoint. Elle s’appelle Fa, extrême diminutif de Stéphanie. Pour dormir donc, Fa s’allonge contre une paroi, Jess se colle à elle, et je me colle à Jess. Avant de dormir, armes blanches à la main nous observons nos voisins pour les décourager de toute tentative de vol ou autre aggression. Jusque là ça fonctionne, ils ont peur de nous. Il faut dire que nous sommes ici depuis plusieurs mois maintenant, et nous sommes les doyens de la « colonie ». Je devrai dire du camp. L’aventure prend un nouvel enjeux quand nous découvrons un soir d’expédition que nos combats sont télévisés. La télé réalité a gout d’horror science fiction par ici.

Jess et moi avons déjà tenté l’évasion plusieurs fois, armés de lames, au volant d’une voiture volée ou bien en détallant comme des cafards. Dans le prochain épisode, nous vous exposons les faits. Pouvez-vous nous aider à trouver une issue?

…à suivre

1 réflexion sur « 90,2°Fahrenheit à l’ombre, Bangkok, last night »

  1. Euh ! la seule issue est de fuir ce cauchemar en se réveillant … ton histoire est bien flippante Olivier …

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