A l’instant où la pluie cesse de clapoter sur la toile, le jour n’est pas encore levé, et le son de l’eau ruisselle, sève et sang de nos existences légères, ritournelle mâtine d’un final magistral, 123,123,123,123,123,123,123,123…1-2-1-2-1-2-1-2. Le genre humain, vulgaire, inculte, les faibles comme les puissants, m’exaspère. Pas un sou pour le mendiant, ni de pardon pour le naïf; pas plus d’absolution pour le rustre nanti, ni une idée ni même une piste, je garde tout pour moi.
Comme un crapaud vulgaire replié sur lui même, face contre terre, sur le bitume d’une voie d’arrêt d’urgence, en pleurs, les rayons du soleil de printemps sur ma nuque douloureuse, et, subtile, le glissement des doigts sur les cordes.
Le répit fut bref et comme le sifflement revient, augmenter le volume, la pression sonore comme seul remède pour reporter le naufrage, tandis qu’une profonde angoisse sourd depuis mes entrailles, entrecoupée de spasmes douloureux, je voudrai maintenant m’étendre puis m’éteindre au son des cuivres et des timbales.
Brassé comme par la marée,
La crise passe et je connais la paix de l’âme.
Nous marcherons encore sur le sentier des dédouanés
Sur le fil de falaises, les bourrasques fouettant nos visages tendus à l’ouest.
J’escalade le pylône tel pharaon pour dominer la foule, cherchant à m’extraire de basses réalités douloureuses désaccordées, enfin désincarné. Et tandis que je plonge dans un silence d’or, des milliers de bras forment jusqu’à moi une foret vert aquatique où je suis porté fluide, limpide, et mu par le courant. Les mouvements ralentissent tandis que la lumière s’estompe, et le silence inouï devient palpable.