Il était une fois un tapin thérapeute, psychiatre de péripate…
Sur le mur de granit, à coté la grand porte de fer forgé sur vitrail art nouveau, brille la plaque du thérapeute diplômé, ancien interne des hôpitaux de Paris, service psychiatrique à Sainte-Anne.
A l’angle de la rue basse en parallèle, première à gauche et deux secondes courbes plus bas encore, dix mètres de trottoir luisent des pâles reflets de ses nuits interdites, où il joue interdit à être, dans la lumière diffuse des lampadaires, dans les lumières fugaces des phares éclatants.
Éclaté son moi, concassé l’idéal endogène sans conservateur, il arpente un mètre à la seconde, puis avale une bouffée de sa longue cigarette assassine.
Son art sublimé d’allégresse androgyne, comme en son cabinet, il le donne et libère oralement, à 20€ la pipe.
Bien plus brûlant, la magnificence des abîmes sodomites, il les honore à 60€ l’unité.
A l’hôtel le divan s’est changé en un vieux lit grinçant, le velours du couvre-lit est en coton commun, article phare du catalogue de la redoute. Pour le prix d’une consultation, transfert à 150 express des affres et angoisses, il soulage en dix brèves minutes les plus fortes pressions, et à tempérament.
Ce traitement lui fut salvateur au point qu’un jour, sa sublime promise survint, un peu à l’improviste, beaucoup, à la folie, sur rendez-vous. Pas du tout, sens dessus dessous, il l’entendit livrer sa quête d’un prince charmant. Cette confidence il nous la livrera demain tandis que pour l’instant, alors que la belle baisse les yeux dans un silence, il se lève, puis pose un genoux à terre en lui prenant la main. Toutes ces années d’analyses et de prélèvements lui explique-t-il en quelques mots, mènent ici, maintenant. Ils se relèvent les yeux tels des brillants, étincelants, et sur l’autre coté du palier, il la prend dans ses bras pour franchir le seuil de ses appartements.
Ici les couleurs sont chaudes, tamisées, les senteurs sont douces ou entêtantes selon la pièce, couloir, salon, salle d’eau, chambres. Il lui propose tous les choix de musique que la terre engendra. Elle choisit une symphonie contemporaine, puis un dramatique concerto, et termine son choix par un duo compositeur violoncelliste: Wendy Sutter & Philip Glass – Songs and Poems For solo Cello.
Les douceurs d’alcools stupéfiants, les tartines épicées de rares saveurs cosmopolites, la chaleur du thé à la menthe, et les voilà lovés nus sur le tapis épais. Ni une, ni deux, leur dimension universelle s’élève vers la force d’un amas stellaire, à l’approche de l’orgasme, ils sont l’aube d’un autre bigbang, créateurs fusionnels d’un univers nouveau, un art nouveau.