« Il n’est pas d’arbre immobile »
La vie est faite d’évènements, plus ou moins indépendants, interdépendants, festin bienvenu, destin nu
Impubère avant d’être nubile, honnête avant d’être impudique, je laboure le temps tandis que mon arbre est resté bien planté, impassible et sensible; à chaque souffle de vent, à chaque goutte de rosée qui m’effleure, je pleure de joie.
Aux pieds des sandales d’écorce tendre puisant en terre sels et eaux nourricières, en tête les voyages que vous accomplissez pour vous et moi.
A observer l’amour se faire et se défaire, selon saisons, sous le soleil ou la tempête, je me suis refusé à céder, plié mais pas rompu, aux sirènes d’Ulysse.
Non point que je serai resté chaste ni innocent, ma carapace s’est épaissie, et le fragile scion que je fus est advenu considérable tronc.
En cet automne humide j’observe encore les feuilles s’en allant nourrir terres de fortunes diverses. Me surprenant au fantasme d’ensemencer les fleurs, encor et encor, tous les pistils, toutes les douces fécondes, et puis, les entendre crier haut et fort leur plaisir et leur joie!
Porter au futur les éternelles fertilités de nos longs langoureux ébats, j’en parle tous les jours à mon ami le puits qui irrigue des eaux de jouvence les jeunes pousses gourmandes!