…nolectric winter might come
« …Il y avait des moments où il était pris d’irrépressibles sanglots quand il regardait l’enfant dormir, mais ce n’était pas à cause de la mort. Il n’était pas sûr de savoir à cause de quoi mais il pensait que c’était à cause de la beauté ou à cause de la bonté. «
Cormak Mc Carthy
« …la fin justifie les moyens, l’apocalypse légitime le pire »
Ce sont ces mots qui conclurent notre longue nuit à contempler les étoiles filantes, les étoiles naissantes, les étoiles et les céphalantes. Rien motivant et tout indisposant.
Et cette question obsédante qui m’éveille chaque nuit « Que vais-je donner à mon enfant qui lui soit utile en ce monde décadent? ». Et si je n’avais pas d’enfant, que donnerai-je en héritage à ces jeunes hères? La déshérence n’a pas attendu la fin du monde industriel pour ruiner les voies de sagesses proposées dans le monde entier par des êtres éclairés, par le cosmos éthérés. Alors les entropiques ont éteint la lumière. Masqué le ciel d’un manteau impénétrable et obscurcissant. Chacun de nos pas est torture. Alentour rien ne vit. Les anthropophages, juste un palier plus bas que les moutons satiriques du monde d’hier, leur âme irradiée n’a plus rien de céleste, ils sont lambeaux de chairs en passe de putréfaction. Alors nous marchons côte à côte, main dans le main, vers cette plage onirique à l’apex d’une trajectoire contestable.
(…) J’entends battre le cœur de l’univers. Foutaise? Non, impossible à croire, et il n’est pas dans mon projet de faire croire. Les débordements, les dérives et les chutes de mon passage sur terre, toutes ces années en dehors de toute maîtrise, c’est le don de l’humanité. Maintenant que je quitte ce sol, je suis si reconnaissant envers les éléments, à l’attention de ce que les uns nomment Dieu, avec la part du diable, je sais que je serai nu, libre, poussière et lumière.
L’homme: « Viens petit, ne lâche pas ma main »
L’enfant: « Papa, je suis fatigué, j’ai faim, j’ai froid… »
L’homme: « Nous arrivons très bientôt, tu sens cette odeur? C’est la mer, tu n’as jamais vu, senti, touché la mer…tu vas comprendre pourquoi nous avons marché si longtemps »
L’enfant: « La mer? »
H: « C’est…fluide, gigantesque, le berceau de la vie sur cette planète, comme l’espace est le berceau des soleils »
E: « Les soleils? »
H: « De l’énergie, de la chaleur, du feu concentré à une masse inimaginable, comme 150 fois la densité de l’eau, un litre de soleil c’est trois fois mon poids…j’ai beaucoup maigri…sa couleur est un or intense tendant au jaune et au rouge, et à toutes les couleurs des braises »
E: « C’est beau, j’ai envie de voir le soleil »
H: » Je le verrai avant toi, mais c’est promis, un jour quand tu seras grand, toi aussi tu ira au soleil »
Cette fois encore l’enfant avait oublié temporairement sa faim, imaginant le monde perdu de son père. L’homme savait qu’il ne passerai pas la prochaine nuit, il lui fallait dire à l’enfant qu’il allait le laisser, et c’est à ce moment qu’apparu une lagune, caricature de plage. Et sur le sable, un feu. Autour du feu un homme, une femme, des petits. Et il tomba, puisant dans sa dernière réserve la force de se retourner pour voir l’enfant, et s’affaler les yeux au ciel dans un dernier souffle.
Le jeune homme s’accroupit et passa son bras autour des épaules de l’enfant. Il prit la main du petit pour lui monter comment fermer les yeux de son père. ils ne pleuraient pas. L’enfant prit les mains de son père pour les croiser, et puis il demanda:
E: « Pouvons nous le placer sur un radeau, et le mettre à l’eau, puis lui donner du feu? Il aimait tant la lumière du soleil… »
A reblogué ceci sur Oli.W.P.et a ajouté:
si tu n’as rien à dire d’utile, tais toi
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